Les silhouettes destroy-baroques du duo portugais font le buzz, mais les vraies héroïnes des créateurs sont leurs chaussures hybrides et osées.
Regardez bien ces deux jeunes filles. Maintenant, baissez les yeux jusqu’à leurs chevilles et observez bien les chausses sculpturales qui enveloppent leurs petits petons. Les objets que vous voyez là sont, comme le décrit la journaliste Claire Touzard dans le magazine Grazia, des “mules-santiags”.
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Pas vraiment votre tasse de thé ? Tant mieux, c’est justement le but. Elles viennent relever d’une touche assumée de kitsch les silhouettes signées Marques ’ Almeida qui ont remporté le LVMH Prize 2015 fin mai – lancé par le groupe de luxe l’an dernier, il offre une enveloppe de 300 000 euros ainsi qu’une année de mentoring à une jeune marque. Après avoir récompensé l’Anglo-Canadien Thomas Tait en 2014, le jury (Karl Lagerfeld, Marc Jacobs, Phoebe Philo, pour ne citer qu’eux) a opté pour Marta Marques et Paulo Almeida.
Le duo, qui fonde le label du même nom en 2011, vient du Portugal mais est diplômé de la prestigieuse Central Saint Martins de Londres, où il développe un hybride novateur des deux cultures. Leur travail se spécialise d’abord dans le denim destroy et artisanal : des tenues effilochées, lacérées, déchiquetées, qui repoussent les frontières de la toile indigo.
Grunge mais baroque
Au fil des saisons, des matières plus luxueuses, du taffetas, de l’organza, de la soie, viennent se greffer aux collections, mais sont traitées avec autant d’affront. Encore et encore, ils citent les années 90, tantôt Skunk Anansie pour leur collaboration avec Topshop en 2014, tantôt les tenues de gala des starlettes adolescentes dans leur utilisation de cristaux et de brillance.
L’Angleterre dont ils rêvent, c’est un Londres imaginaire vu par leurs yeux méditerranéens et leurs souvenirs enfantins. Grunge mais baroque, curieusement sexy, leur élégance est colorée et sensuelle presque sans faire exprès. Et leurs mules-santiags, qui “mélangent des codes redneck et bourgeois”, selon Claire Touzard, révèlent “une prise de position esthétique sur le laid qui correspondrait à l’étape post-normcore. On cherche du trivial et du bizarroïde pour casser l’ordre du beau, rompre l’équilibre et brouiller toutes les frontières entre les genres”, ajoute la journaliste. Ainsi, ces chaussures réconcilient l’irréconciliable et nous font le récit d’une modernité sans frontières.
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